La plus vieille rue de Seysses
Notre rue Boltar a plus de 2000 ans !
Pour répondre à l’improbable question : Si on s’était assis à la terrasse d’une crêperie rue Boltar il y a 2000 ans, qu’aurions-nous vu ?
Très tôt dans l’histoire, notre territoire seyssois a intéressé les hommes et a été aménagé.
Des traces d’une occupation humaine au néolithique ont été trouvées à Muret. On peut penser que Seysses aussi était habitée. L’emplacement de notre actuel centre ville bénéficie de conditions naturelles qui en font, en effet, un lieu intéressant pour un groupe d’humain cherchant un endroit où s’établir. Situé en hauteur, à l’angle entre le marécage de la Saudrune (qui à l’époque n’était pas canalisée), et le fossé du Binos, il offre des ressources en pêche, et met à l’abri des inondations. Il y a là par ailleurs au moins trois sources, encore présentes aujourd’hui, dans le parc et devant la poste. Notre territoire, comme tout le Sud Ouest de la Gaule, est couvert d’épaisses forêts de chênes, arbre qui donnera plus au Nord son nom au Quercy (quercus signifie chêne en latin). Cette forêt fournit du gibier aux hommes qui ont défriché l’espace entre Saudrune et Binos, et qui le cultivent sans doute déjà. La belle vie.
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Seysses n’a vraisemblablement pas attendu l’arrivée des romains pour bénéficier d’une route. Il existait déjà depuis fort longtemps de grands courants d’échanges commerciaux entre les différents peuples de la Gaule. Les routes gauloises étaient constituées de voies empierrées et encadrées par des fossés. Ces voies permettront d’ailleurs aux légions de César de circuler rapidement et expliquent que la conquête de la Gaule se soit faite très vite.
L’existence à l’époque gauloise d’une route correspondant au tracé de la route de Seysses, donc à celui de la rue Boltar, fait sens et paraît probable, puisque de nombreuses voies romaines sont d’anciennes voies gauloises réaménagées. Ce qui désigne ce tracé sur notre territoire c’est sans doute la présence du rebord d’une terrasse surélevée, trace du déplacement du lit de la Garonne vers le Sud au fil des millénaires. Seysses, comme Frouzins, en effet, est à cheval sur deux terrasses de la Garonne. Dans cet environnement très boisé, difficilement pénétrable, le rebord d’une terrasse naturelle est une aubaine pour circuler. La nature a tracé le chemin, qu’il ne reste plus qu’à suivre. La végétation est plus facile à contrôler, elle repousse plus difficilement du fait de la rupture de niveau du terrain. On peut donc parier que bien avant la voie romaine, future route de Seysses, cette particularité géologique a du être exploitée par les hommes pour se déplacer plus facilement. Enfin, sa situation en hauteur, rend ce chemin toujours praticable, à l’abri des inondations, ce qui n’est pas le cas juste en bas du talus, et vers la Garonne, où la Saudrune et ses errements au fil des inondations, créent un marécage, des gourgues dirions-nous aujourd’hui pour employer ce mot régional (gorga en Gascon, est un bourbier planté d’arbres).
[cliquer sur la carte pour l'agrandir. Seysses, trop petite, n'est pas indiquée, mais, à mi-chemin entre Toulouse et Saint-Bertrand de Comminges (Lugdunum Convenarium), il y a Calagurris, c'est-à-dire Saint-Martory]
Au début de notre ère chrétienne, les romains, Pompée à leur tête, victorieux sur les peuples de notre région et sur ceux du Nord de l’Espagne, souhaitent conforter leur autorité sur le territoire nouvellement soumis et y permettre la pénétration du commerce italien, en particulier celui des vins, produit inconnu des Gaulois. Ils créent de toute pièce une place forte, Lugdunum Converanum (Saint-Bertrand de Comminges), idéalement placée à l’intersection de la plaine et d’un passage dans les montagnes vers l’Espagne, y installent des membres de l’armée issus de peuples espagnols et pyrénéens, peuple hétéroclite et immigré qui prendra le nom de Convènes (convena signifie en latin ‘étrangers venus de partout’, et a donné ensuite Comminges). Ils relient cette place forte à Toulouse (Tolosa) par une voie qui existe donc déjà, mais qu’ils améliorent et mettent aux normes romaines : la voie romaine de Toulouse à Saint Bertrand de Comminges. C’est la naissance officielle dans les documents écrits de notre route de Seysses et de la rue Boltar. Nous entrons donc là dans l’histoire, tout comme Frouzins, Ox, Saint-Hilaire, Lavernose, et les communes de la RD15 actuelle, départementale qui correspond point par point au tracé de l’ancienne voie romaine.
La culture celte ne reposait que sur la transmission orale des informations, et il n’y a donc pas de traces écrites de ce qu’étaient les routes gauloises. Ce n’est qu’à partir de la conquête par Jules César qu’apparaissent des informations écrites, donc transmissibles dans le temps, sur les réseaux routiers. Notons que comme partout en Gaule, les ingénieurs romains ne feront que reprendre dans leur grande majorité les tracés gaulois, en les améliorant. Ces aménagements vont de la rectification des tracés à la construction de ponts, gués ou stations, et sont réalisés par les légions.
Ainsi, les architectes qui ont façonnés notre rue Boltar, ce sont donc d’abord la géologie et la climatologie qui déplacent le cours de la Garonne et créent un rebord bien pratique, puis les Gaulois qui mettent en place une première structure roulante, et enfin les romains qui consolident le tracé et adaptent la chaussée. Notre voie romaine n’a d’ailleurs bénéficié que d’une légère mise aux normes, car il n’y avait pas besoin d’une chaussée solide, les convois lourds utilisant préférentiellement la Garonne, voie de transport de marchandises plus rapide. Vers Carcassonne par exemple, où il n’y a pas fleuve, l’infrastructure de la chaussée était bien plus solide, pour accueillir de lourds chargements, ce qui fait qu’on trouve davantage de traces de la voie romaine que dans notre région, où elles sont rares.
Seysses n’est pas une simple station sur le parcours vers Saint-Bertrand. Elle est aussi au croisement de deux axes romains, l’un partant vers Ox (la voie romaine la plus connue et la plus fréquentée), le second vers Muret. Croisement idéal pour une petite halte sur le chemin, y compris pour les commerçants qui pouvaient en profiter pour acheter aux soldats romains leur butin, échanger des marchandises, les uns venant du Sud et des montagnes, les autres de l’Ouest. Les origines de notre Intermarché, en quelques sortes, au même endroit…
Les poids lourds ne fréquentaient pas encore ces voies. En ces temps, en effet, le transport par voie de terre était beaucoup plus cher que le transport fluvial. Les poids lourds empruntaient donc la Garonne, avec leur chargement de bois, de marbre et autres pierres pyrénéennes, de récoltes agricoles qui alimentaient Tolosa, d’amphores de Boussens où se trouvaient deux fabriques. La voie seyssoise, quant à elle, devait servir surtout à la circulation des hommes, en particulier les fonctionnaires et messagers, qui utilisaient les voitures de la Poste Impériale, mais aussi les voyageurs et les marchands qui disposaient de différents types de chariots, le plus rapide étant le cisium, sorte de cabriolet à deux roues tiré par deux chevaux non ferrés et munis d’attelages.
La rue Boltar était donc beaucoup plus calme…
On peut imaginer le paysage que voyaient les gens qui, fréquentant la voie romaine, traversaient le hameau gaulois appelé à devenir notre commune : une terrasse surélevée au dessus d’une courte plaine cultivée, parfois inondée, qui court jusqu’à la Garonne, plein Sud, vers le futur site de Muret. Le dessus de la terrasse, mais aussi le contrebas jusqu’au fleuve, sont couverts d’une forêt de chênes difficile à franchir en dehors des voies. Lorsque l’on arrive à Seysses, de grands espaces défrichés, là où la terre est fertile. La voie traverse cet espace. Elle fait 12 mètres de large. Elle est renforcée pour résister à la pression des roues en bois, et aux sabots des bêtes non ferrées. Jusqu’à 80 cm de remblais, fait d’un lit de galets, puis de fragments de tuiles, de poteries, d’amphores. De gros galets délimitent le bord de la voie et la soutiennent (le schéma proposé provient du site Palladia Tolosa). Elle est bordée de deux fossés. Avant d’arriver à Seysses, en bord de route, on croise quelques sépultures romaines disséminées de loin en loin, avec leurs inscriptions dans la pierre. Au bout du hameau fait de cabanes de bois et de torchis (au bout de la rue Boltar donc, et à la pointe du triangle terrasse/Binos), un carrefour, presqu’à l’emplacement de notre actuel carrefour, où la voie se partage en deux : tout droit on continue vers Saint-Bertrand (l’actuelle route d’Ox), à gauche on va vers Muret, qui existe déjà (Une villa occupait le site de l’actuel centre ville de Muret ; entourée de murs de protection elle avait pris le nom de Murellum qui est devenu Murel puis Muret au Moyen Âge). C’est à cette bifurcation des chemins que s’installent bien plus tard une ferme, Fourq (fourche en occitan), aujourd’hui propriété du ministère de l’intérieur qui l’utilise pour le centre pénitentiaire.
A l’arrière du hameau, vers le Nord, on trouve la forêt et des terres défrichées, que les Gascon appelleront boulbènes, de l’occitan bolbena, terres sablo-argileuses acides, très fertiles, qui ont données leur nom à la rue des Boulbènes. Ces terres sont aujourd’hui encore cultivées. Ce sont entre autre les champs qui courent jusqu’à Frouzins. Et puis, plus loin, des terres riches en galets charriés par la Garonne depuis les Pyrénées, mais peu fertiles, qui ont donné son nom à notre commune : Sèishes, terme occitan gascon qui signifie « les terrains caillouteux », qui deviendra par francisation ‘Seysses’. Terres sans doute négligées par les seyssois gaulois, sauf peut-être pour le pâturage et la chasse. Avec l’arrivée des romains et de la culture du vin dans notre région, ces terres très adaptées à la vigne, deviendront précieuses et feront de notre commune un vignoble largement exploité et connu sur la place toulousaine. Jusqu’au Phylloxera, insecte qui ruinera notre économie locale des siècles plus tard.
C’est sur cette voie romaine chargée d’histoire, que nous circulons tous les jours, chemin qui a vu passer tant de charrettes à bras, à bœufs, cabriolets à chevaux des fonctionnaires romains, de gens à pieds, de commerçants, de guerriers et plus tard de chevaliers, d’abord sentier naturel et pratique, tout tracé par le rebord de terrasse, puis voie romaine, puis route de Seysses pour les toulousains, marquant une destination fréquentée, et pour nous rue Boltar, après avoir été entre autres chemin de Lavernose sous Napoléon 1er.
A propos, pourquoi les Toulousains ont-ils nommés cette route ‘route de Seysses’, et pourquoi pas route d’Ox, ou de Frouzins ? Une route prend le nom de la destination principale qu’elle dessert, le nom d’un lieu où beaucoup de gens vont, souvent dans un but particulier, dont le commerce. Ainsi, pour la plupart des toulousains, on n’allait pas à Frouzins, il n’y avait rien de particulier à faire à Frouzins, on ne faisait qu’y passer. Seysses par contre était connue à Toulouse. Des Toulousains se rendaient régulièrement dans notre commune, pour le commerce du vin, car notre territoire, avec ses terres caillouteuses (Sèishes) fournissait une bonne partie du vin consommé à Toulouse. Ce vin était acheminé, via la route de Seysses, jusqu’à Saint-Cyprien, où se trouvait le marché au vin, dans la rue de Varsovie (varso vi signifie ‘verse le vin,’ en occitan, et n’a rien à voir avec la ville polonaise du même nom). Seysses était donc une destination pour les Toulousains.
Pour le nom des routes, on choisit aussi parfois la commune qui est le premier carrefour rencontré. Seysses est le carrefour de plusieurs voies anciennes, la fin du comté toulousain et le début d’une autre terre seigneuriale d’alors : la Gascogne. Il était important donc de repérer Seysses parmi les autres toponymes locaux.
Cette reconstitution s’appuie sur des documents historiques, dont la carte archéologique de la Gaule, de Julie Massendari, qui répertorie les fouilles connues à ce jour. Pour Seysses, elle signale :
- Des traces de l’ancienne voie romaine en plusieurs endroits de la commune, par exemple à la boulbène des Vitarelles, tout près de la RD15, à la limite de Seysses et Frouzins.
- Des traces de tombes au même endroit, en bordure de voie romaine.
- La trace d’une voie romaine dans la zone Ségla, entre la RD15 et la Saudrune, d’une largeur de 12m, orientée vers Muret d’un côté, et vers l’Est de Seysses et Plaisance du Touch de l’autre côté. Cette voie est postérieure à celle de la route de Seysses.
- Un établissement antique, de type Villa romaine, là où se trouve actuellement la ferme Cartan, près de la RD15 et à l’Ouest de la Saudrune.
- Chemin du Préjugé, dans le quartier du Monicard, rive gauche du Binos, des fragments de tuiles plates et d’amphores à vin italique.
Crématorium : qui refuse le débat ?
Qui refuse le débat ?
où c’est celui qui dit qui y est
Dans son communiqué à la Dépêche du 2 mars 2017, le maire de Seysses indique qu’ « un groupe de personnes est désormais présent lors des séances du conseil municipal, pas pour débattre démocratiquement et sérieusement, mais pour imposer son point de vue d’opposition au projet de crématorium porté par le Sivom SAGe. » (cliquer sur l’image pour lire l’article, puis revenez au texte par la touche ‘échap’)
Mais les images du conseil municipal du 1er février, à la suite duquel ce communiqué est publié dans La Dépêche, font apparaître que ce qui est dit par le maire est inexact.
Ce qui est exact
Il est exact que les derniers conseils municipaux, ont vu en effet une présence accrue des citoyens aux débats des élus, ce dont on ne peut que se féliciter : il est urgent que les citoyens se réapproprient les lieux où s’exerce la démocratie (où devrait s’exercer la démocratie…), en particulier la démocratie locale, à la base de tout. Loin de se réjouir d’une telle présence, le maire, Alain Pace, a demandé à la gendarmerie d’être présente. Faut-il comprendre que voir les gens assister au conseil municipal représente pour les élus seyssois une menace ? Qu’ont-ils donc à se reprocher ?
Il est exact que ces personnes sont opposées à l’implantation du crématorium sur un terrain agricole, et sont venues dans l’espoir de pouvoir poser les questions qui les inquiètent depuis un an et demi, et pour lesquelles elles n’ont toujours pas eu de réponse franche et claire. Ni de la part du maire de Seysses, qui esquive toujours le débat, ni de la part d’Alain Bertrand, Président du SIVOM, qui a refusé de les rencontrer. A leurs interrogations s’ajoutent donc aujourd’hui une exaspération et une défiance bien légitimes. A trop mentir aux gens, on finit par perdre leur confiance.
Lors de ces conseils municipaux, dont celui qui a précédé le communiqué du maire, deux porte-paroles de deux associations locales ont, entre autres, pris la parole. Il s’agit de la présidente de l’association Seysses environnement et de la maraichère bio dont les terres sont toutes proches de l’implantation prévue pour le moment (AMAP de la ferme du Petit Scarabée, chemin du Massoné).
Ecoutons-les :
Le ton employé est bien celui du débat citoyen, très poli, d’ailleurs, très respectueux. Inquiet, très inquiet même pour cette agricultrice qui risque de perdre des années d’un travail pénible. Les questions posées sont claires, et appellent des réponses.
Justement, que répond le maire ? Ecoutons :
Le maire, clairement, ne souhaite pas débattre. Il avait fait de même au conseil municipal précédent, il a fait de même au conseil municipal du 12 avril dernier, en réaffirmant : il n’y a pas de débat. Ainsi, il accuse ces personnes légitimement inquiètes de ne pas vouloir débattre démocratiquement, mais c’est lui qui ne veut pas débattre.
Contrairement à ce qu’il dit, le débat pourtant existe : le projet du SIVOM de la Saudrune, aujourd’hui Sivom SAGe, existe bien ; tout est mis en oeuvre pour l’implantation d’un crématorium sur un terrain agricole, chemin du Massoné, à Seysses (voir sur ce sujet l’article http://lien-seyssois.fr/wp-admin/post.php?post=1185&action=edit ). L’avancée du projet, même s’il n’a pas reçu toutes les autorisations, met en débat la question de savoir s’il est opportun d’implanter ce crématorium sur un terrain agricole, sans avoir fait aucune étude sur la validité de cet emplacement, et sans avoir fait d’étude d’impact sérieuse.
Il n’y a pas besoin d’une autorisation pour se poser des questions !
Ce débat, c’est bien lui, le maire de Seysses, qui l’initie, par sa participation à la décision prise. Comment peut-il s’étonner que les gens veuillent débattre ? N’essaie-t-il pas plutôt d’esquiver un débat pour lequel il n’a pas d’arguments ? Car il n’y a pas besoin d’avoir reçu une autorisation, pour se demander et débattre de l’opportunité d’implanter un crématorium sur un terrain agricole. Il aurait même mieux valu en débattre avant d’en être à demander l’autorisation de déclasser le terrain. Sauf à penser que, l’autorisation obtenue, il ne resterait plus qu’à mettre tout le monde devant le fait accompli, sans plus de débat. Quand on voit tout ce qui a déjà été fait, sans garantie d’autorisation, on ne peut que s’inquiéter de ce qui pourrait l’être si une autorisation est donnée.
A titre de comparaison (d’exemple ?), regardons comment ça se passe du côté du Sicoval, qui a le même projet : «Il est important d’avoir une réflexion sociale sur ce type de service», affirme Jacques Oberti, le président du SIVOM local, équivalent donc d’Alain Bertrand pour nous. Tous les élus sont consultés (Tiens, en d’autres terres, la démocratie existe donc ?) : 91% d’entre eux disent «oui» au projet. Puis un appel est lancé auprès des communes membres pour connaître les communes candidates à un tel équipement. Il semble que la transparence soit plus transparente à l’Est… A l’inverse, au Sivom de la Saudrune, tout se fait dans l’opacité, de l’aveu même du maire de Seysses, qui répond régulièrement : « Je ne sais pas, allez demander au Sivom« . C’est curieux, son nom figure pourtant sur les délibérations du Sivom, dont il était il y a peu encore vice-président.
Ecoutons-le nier être au courant : cm20170201extrait4
Et maintenant, regardons la délibération du conseil syndical du SIVOM qui décide de l’achat de ces terrains, délibération où il figure, il est alors vice-président du SIVOM (cliquez sur l’image pour agrandir, puis revenez au texte en tapant sur la touche ‘échap’).
Si ça ce n’est pas un flagrant délit de mensonge... et de mépris pour les gens. Deux autres élus seyssois étaient présents lors de cette délibération du SIVOM, Alain Aubert et Geneviève Fabre. Ils sont donc au courant eux aussi. Mais sur ce sujet ils se taisent soigneusement. A ce jour, la division parcellaire est faite.
Et puis, comment Alain Pace peut-il renvoyer les gens vers le SIVOM, alors qu’Alain Bertrand, son président, refuse de les recevoir, et se cache depuis le début de cette affaire? Il est vrai qu’il est très occupé à faire avancer en douce le projet, pendant qu’Alain Pace fait diversion à Seysses. On ne peut être au crématorium et au moulin.
On peut donc conclure : c’est un faux pour le maire de Seysses
Dire des personnes qui viennent assister au conseil municipal qu’elles ne viennent « pas pour débattre démocratiquement et sérieusement, mais pour imposer [leur] point de vue d’opposition au projet de crématorium porté par le Sivom SAGe » est une manipulation. Le déclarer dans un média aussi populaire que le quotidien local, alors que les lecteurs n’ont pas les moyens de vérifier ces dires est une manœuvre mensongère, dont il est difficile de ne pas penser qu’elle vise à discréditer ces personnes auprès de l’opinion publique. Très utile au moment d’annoncer qu’un vote va avoir lieu. Mentir aussi grossièrement pour échapper au débat est simplement honteux.
A travers les documents communiqués ici, il apparaît par contre clairement que c’est le maire de Seysses et le Président du SIVOM de la Saudrune qui refusent le débat, et qui veulent imposer l’implantation d’un crématorium sur un terrain agricole seyssois.
Terminons par ce communiqué du ‘groupe de personnes présentes au conseil municipal’, très dignes dans leur protestation, communiqué publié dans La Dépêche du 8 mars 2017, sous la rubrique ‘Environnement’ :
«Non M. le Maire, nous tous qui venons assister aux conseils municipaux nous ne sommes pas des menteurs ni des détracteurs.
Nous sommes des femmes, des hommes, des mères, des pères, des retraités, des grands-parents, des promeneurs.
Nous aimons notre ville, et les gens qui y habitent !
Si nous nous déplaçons lors des conseils municipaux, c’est justement parce que nous recherchons le débat démocratique. Or il vous est récemment arrivé de vous y opposer, à ce débat, en ne donnant même pas la parole aux élus de l’opposition auxquels, pourtant, vous n’aviez pas le droit de la refuser !
Qui est le détracteur lorsque vous dites que nous sommes contre le crématorium, alors que nous nous opposons seulement à l’endroit choisi pour son installation ? Et d’ailleurs nous ne sommes pas les seuls, vu le nombre d’avis défavorables que ce projet a reçu de la part de nombreuses autorités administratives.
Vous prétendez que nous sommes «un groupe qui veut imposer son point de vue», or, M. le Maire, nous ne prenons jamais la parole si vous ne nous la donnez pas. Notre attitude lors du déroulement du Conseil Municipal a toujours été parfaitement respectueuse. Et lorsque nous pouvons vous poser des questions, vous avez tout loisir de nous répondre, et de nous contredire. Ce serait donc notre présence qui vous importunerait ?
Nous regrettons beaucoup que les «seyssoises et les seyssois favorables au projet», dont vous parlez, ne viennent pas également assister aux conseils municipaux, cela nous permettrait de pouvoir comprendre leurs arguments pour nous expliquer le bien-fondé du crématorium à cet endroit. Pourquoi n’avez-vous pas eu l’idée d’organiser une réunion publique, spécialement consacrée à ce sujet, qui aurait permis ces échanges ?
Mais maintenant, grâce à la demande insistante d’un élu de l’opposition, vous avez pris l’excellente décision d’organiser un référendum. Nous vous en félicitons très chaleureusement ! Nous regrettons seulement que vous ne vous soyez pas décidé à agir démocratiquement plus tôt.»
Alors, à quand un débat ? A quand une réunion publique ?
Concurrence entre crématoriums
La concurrence entre les crématoriums de la Haute-Garonne pourrait devenir rude
Le marché des crémations étant juteux, le nombre des entreprises proposant leurs services va croissant. Elles sont aujourd’hui plusieurs à se faire une concurrence acharnée et à se livrer à de multiples actions lobbyistes pour obtenir les faveurs de nos élus, et le marché d’une délégation.
Auprès de notre SIVOM, c’est la Société des Crématorium de France, société par actions au capital de 4 millions et demi d’euros, qui a obtenu le marché de délégation. Cette société gère déjà une vingtaine de crématoriums en France, sauf dans le Sud-Ouest, où elle peine à s’implanter. Seysses serait donc le premier lieu où elle pourrait prendre pied.
Un projet semblable est en cours au Sicoval (Deyme ou Baziège), dans le Sud Est toulousain, projet moins avancé que celui du SIVOM de la Saudrune (aujourd’hui SIVOM SAGe). Vers un second crématorium dans le Sud Toulousain
Voilà que le Grand Toulouse entre dans le jeu, en se démarquant de ses concurrents, puisqu’il s’agit cette fois d’un projet en régie. Pour lire l’article de La Dépêche qui donne cette information, cliquer sur l’image.
Régie ou Délégation ?
Dans le cadre de la régie, un constructeur est choisi, mais ensuite le service de crémation est proposé par l’intercommunalité (ou la municipalité) même qui accueille l’établissement. C’est donc elle qui gère le site, ses services et le personnel. Elle aussi qui reçoit les bénéfices – ou les pertes – dégagés par l’activité.
Dans le cadre de la délégation, une entreprise est choisie à la fois pour construire et pour exploiter le crématorium. La délégation est accordée pour un nombre d’années fixé en début de contrat. Une redevance est versée à la commune qui accueille le site.
Le SIVOM de la Saudrune a fait le choix d’une délégation. Toulouse, qui estime que la gestion d’un crématorium est rentable, a choisi la régie.
A-t-on besoin de trois crématoriums en Haute-Garonne ?
Un crématorium de plus dans le département est une évidence. En faut-il plus ? Le Grand Toulouse n’est pas centré sur le département de la Haute-Garonne. Il est proche de quatre autres départements (Ariège, Gers, Tarn, Tarn et Garonne), qui peuvent, eux aussi, se lancer dans la construction de crématoriums. Les habitants de Haute-Garonne auraient ainsi le choix, selon l’endroit où ils habitent, d’aller dans le crématorium du département voisin, plus proche de chez eux, au détriment des crématoriums haut-garonnais. Moins de rentabilité en perspective.
En France, des crématoriums ont dû fermer, victimes de la concurrence.
» au moins 700 à 800 crémations par an sont nécessaires pour amortir la mise en place d’un four. Un seuil qu’un tiers des installations n’atteint pas. Surtout dans les zones où la concurrence fait rage. A Roanne et Mably, deux crématoriums situés à quelques centaines de mètres sont en rivalité directe. « Avec 420 crémations chacun en 2014, aucun n’est en mesure d’être rentable », commente un professionnel.
Situation voisine autour de Meaux, où deux sites sont sortis de terre en deux ans. En Haute-Savoie, celui de la Balme, concurrencé par deux autres, a même déposé son bilan. Après dix-huit mois de restructuration, ses dirigeants espèrent bien que leur plan de continuation sera validé par le tribunal le 17 novembre.
Des pertes à n’en plus finir, c’est bien ce que veut éviter Patrick Gomel, le directeur du crématorium de Boulogne (Pas-de-Calais). Ouvert par les collectivités locales en 2013, cet équipement s’acheminait doucement vers l’équilibre financier au bout de cinq ou six ans. Une perspective chamboulée par la création d’une unité concurrente à Réty, à quinze minutes en voiture, par le principal entrepreneur local de pompes funèbres. « Il n’y a pas la population suffisante pour deux crématoriums, peste M. Gomel. Si ce projet voit le jour, il ne pourra pas trouver les recettes nécessaires et notre propre activité s’effondrera. C’est un non-sens qui risque de coûter cher à tout me monde ! » Tous ses espoirs reposent désormais sur la préfète du Pas-de-Calais, appelée à donner ou non son feu vert à la création du site.
Au-delà, nombre de professionnels aimeraient que les régions se dotent de schémas directeurs pour que les implantations soient mieux réparties. C’est ce que suggère depuis longtemps le sénateur (PS) Jean-Pierre Sueur. Sa proposition en ce sens a été adoptée à l’unanimité par le Sénat en mai 2014. L’Assemblée nationale ne paraît pas pressée de lui donner force de loi. » (article du Monde Economique du 31 octobre 2015)
Le problème sur le plan environnemental est que lorsqu’un crématorium ferme, les structures, bâtiments, conduites souterraines, routes et aires de parking, restent, se dégradent et finissent en friches industrielles. A ouvrir deux ou trois crématoriums, il faut donc être sûr qu’ils vont être pérennes.
Sur ce sujet, une loi est en cours de rédaction à l’assemblée nationale, et devrait sortir en 2018. Elle viserait à réguler l’emplacement des crématoriums sur le territoire français pour éviter la concurrence sauvage que des groupes importants se livrent dans une guerre commerciale et financière. La mort attise bien des convoitises.
Rappelons enfin que la demande de crémation en hausse aujourd’hui pourrait n’être qu’un effet de génération, comme le montre l’enquête de Denis Cosnard dans Le Monde (http://lien-seyssois.fr/wp-admin/post.php?post=1000&action=edit ). La nouvelle génération ne plébiscite pas ce mode de funérailles. Le début de cet article le dit clairement :
« Il faudrait peut-être se calmer », reconnaît Jo Le Lamer, le président de la Fédération française de crémation. « On a ce qu’il faut pour les besoins actuels », appuie Jean Ruellan, un des dirigeants d’OGF, le leader français du secteur sous les marques PFG, Roblot, Borniol… Deux études tendent en effet à montrer que l’impressionnant essor de la crémation en France atteint ses limites.
« La première émane de la Fédération française de crémation elle-même. Chaque année, ce regroupement d’associations recense les décès à l’issue desquels le corps a été incinéré. En une génération, cette pratique est devenue un phénomène de masse. Elle concerne désormais plus d’un tiers des obsèques, contre 1 % en 1980. A Paris, le taux de crémation atteint même 47 %. Mais cette ascension se révèle de moins en moins rapide. En 2014, la part des crémations dans l’Hexagone est modestement passée de 34,1 % à 34,5 %, la plus faible hausse depuis des décennies. « Le mouvement se tasse », constate M. Le Lamer, qui s’attendait à un chiffre supérieur.
« Le deuxième signal provient du dernier sondage d’Ipsos sur les Français et la mort. « Pour vos propres obsèques, que préféreriez-vous ?», demande régulièrement l’institut aux Français. Depuis quelques années, la part de ceux penchant pour une crémation stagne autour de 51 %. Et la dernière vague, réalisée en juillet auprès de 1 010 personnes, marque une nette remontée de la préférence pour l’inhumation dans deux types de populations. Parmi les moins de 35 ans, 60 % sont désormais tenants de l’enterrement, contre 50 % en 2007. Leur part est passée dans le même temps de 72 % à 80 % au sein des croyants et pratiquants. […]
Quel sera le projet le mieux adapté ?
Pour en revenir à Seysses, encore une fois, soulignons-le : l’absence d’étude sur le choix du terrain, pointée par le préfet lui-même, l’imposition autoritaire d’un terrain agricole et à ce titre protégé pour l’implantation, l’opacité des manœuvres politiques aux niveaux d’Axe Sud et du Sivom de la Saudrune, les manipulations au niveau du SCOT pour contourner ce qui fait loi, pourraient desservir un projet pour lequel des élus de la précédente mandature ont fait un gros travail d’analyse et de préparation. A choisir entre un site ou un autre, le Grand Toulouse, le Sicoval ou Seysses, le projet du SIVOM de la Saudrune pourrait ne pas paraître le plus adapté.