Territoire et citoyenneté

Territoire et citoyenneté

 

Cet article est long. Ce n’est plus à la mode, les gens n’ont plus le temps de lire. Vous n’avez plus le temps de lire. On fait en sorte que vous n’ayez plus le temps de lire.

Mais comment le faire plus court ?

Il peut se lire par petits bouts, par petites touches. Le temps les mettra en lien dans une pensée.

Il développe une opinion, quelques axes d’une réflexion, sur ce qui pourrait – devrait ? -  fonder la citoyenneté. En effet, dans le prolongement de l’article précédent (Territoire en perte d’âme), au train où vont les choses, on peut se demander si nos ‘élus’ se sont interrogés sur ce qui fonde et anime la citoyenneté ? La citoyenneté en tant que qualité, pas juste le fait qu’on ait le droit de voter pour eux. Car avant d’avoir envie de voter, il faut se sentir citoyen, il faut avoir un désir de citoyenneté.

Par ailleurs cet article renvoie à une série d’articles qui se trouvent sur ce site, et argumentent autour de l’idée de chemins de randonnée à Seysses. Ces chemins, malgré le travail constant de quelques personnes du Club Montagne seyssois, n’ont malheureusement toujours pas vu le jour.

 

Peut-être faut-il dire, puis développer, que :

Proposition n° 1 : On n’est pas citoyen ‘tout court’, on est citoyen d’un lieu, citoyen dans un lieu.

Proposition n° 2 : Pas de citoyenneté sans appartenance à un groupe : on est citoyen d’un groupe.

Proposition n° 3 : Territoire et communauté : deux piliers pour une citoyenneté enracinée dans le local et le quotidien.

Proposition n° 4 : La citoyenneté est d’abord locale.

Proposition n° 5 : C’est le désir de citoyenneté qui nous fait citoyen. A la source de notre qualité de citoyen, il y a l’intérêt puis le désir d’être ensemble.

Proposition n° 6 : La citoyenneté s’inscrit dans l’histoire du lieu et de ses habitants.

Proposition n° 7 : Etre citoyen fait partie de notre identité : nous nous identifions comme citoyen, et être citoyen nous identifie.

 

On n’est pas citoyen ‘tout court’, on est citoyen d’un lieu, citoyen dans un lieu

Nous sommes tous citoyens par principe. Pour autant, nous ne nous saisissons pas tous de cette qualité, nous n’investissons pas tous ce statut que la loi nous confère. Nous sommes tous citoyens, oui, mais citoyen de quoi ? Du monde, de la France, de l’Europe, d’une ville dans laquelle on vote de temps en temps ? Est-ce que notre citoyenneté ne prend pas d’abord sens dans le lien qui nous attache à un territoire, le lien qui y inscrit notre présence ?

Pour désirer investir une citoyenneté, il faut avoir le sentiment d’habiter quelque part, d’être de quelque part. On n’est pas citoyen ‘tout court’, on est citoyen d’un lieu, dans un lieu. Habiter ce lieu, c’est apprendre à le connaître, à l’aimer, c’est en faire son territoire : avoir pu l’explorer, avoir pu en parler avec d’autres, avoir le sentiment de le partager avec eux, en particulier à partir des traces qu’ils y laissent. Avoir envie de le protéger, de le transmettre. C’est là une attitude profondément ancrée en nous, dans ce qu’il nous reste même d’animalité. Quand ce lien a pu se construire, alors on n’habite plus seulement quelque part : on est de quelque part, c’est-à-dire que ce territoire, sa terre, son habitat, son patrimoine, les gens que nous y croisons, entrent dans notre identité.

Pas de citoyenneté donc sans territoire propre, sans un lien à un lieu, à une terre, à ceux qui l’habitent avec nous.

Les gens qui organisent aujourd’hui nos territoires et notre habitat ont-ils ce souci de favoriser l’attachement, l‘appartenance à un lieu ? Quelle identité pour des lotissements implantés sans réflexion sur le sens de leur présence à cet endroit précis du territoire ? Quel sentiment d’habiter quelque part dans ces lieux anonymes, artificiels, vides de tout désir d’habitat ? Quelle possibilité d’attachement quand on vient là par nécessité, en sachant qu’on en partira pour un ailleurs tout aussi vide de sens. Habiter un lieu dans l’anonymat, c’est en être absent. A quel déni de présence – déni d’existence ? – certains habitats peuvent-ils renvoyer les citoyens ?

Les gens qui organisent aujourd’hui nos territoires et notre habitat pensent-ils à cela ? Eux-mêmes, où habitent-ils ?

Autrefois, les anciens ne faisaient pas un village n’importe où. Il y avait toujours une bonne raison de le faire là, de se mettre à habiter là, tous ensembles, les uns à côté des autres. Un lieu, ce n’est pas anonyme, ce n’est pas n’importe quel endroit. Un lieu, on s’y sent vivre, on s’y sent accueilli, on s’y sent pris dans une histoire et invité à y participer. Un lieu est porteur d’un sens. Ce sens, perceptible, donne une couleur au quotidien. Il unifie le temps qui passe. Il habille nos présences, nous qui sommes là, simplement là, posés dans ce lieu.

 

On n’est pas citoyen tout court, on est citoyen dans un groupe : citoyen du monde, citoyen français, citoyen seyssois. Il n’y a pas de citoyenneté sans appartenance à un groupe

Pour être citoyen, il faut avoir le sentiment de faire communauté avec d’autres. On n’est pas citoyen tout seul, on est citoyen avec d’autres, au milieu d’autres, parfois à la marge des autres, mais pas sans les autres. Faire partie d’un groupe, de près ou de loin, c’est tisser des liens dans ce groupe, avec ce groupe, en devenir solidaire, se réjouir quand il se réjouit, compatir quand il souffre. C’est y nourrir son identité et nourrir de cette identité l’identité du groupe : en faire une de ses communautés d’appartenance. C’est là aussi une attitude profondément ancrée en nous, c’est notre humanité, notre besoin du social : l’homme est un animal social.

Pas de citoyenneté donc sans appartenance à un groupe.

Nos vies sociales favorisent-elles notre appartenance à un groupe plus large que celui de nos amis et proches ?

 

Territoire et communauté : deux piliers pour une citoyenneté enracinée dans le local et le quotidien

Habiter un territoire, faire partie d’une communauté, sont deux dimensions de notre citoyenneté. Prendre en compte ces deux dimensions, déjà inscrites en nous, contribue à la pleine réalisation du versant social de notre humanité : elles n’ont besoin que de pouvoir se révéler. En être conscient, pouvoir vivre dans ces dimensions, c’est trouver notre juste place au sein d’une unité plus large, dont nous sommes issus : l’humanité, et de ce que l’espèce humaine en a fait : une société.

 

La citoyenneté est d’abord locale

Territoire et communauté permettent la rencontre. Pas celle, virtuelle, d’internet et du téléphone. Mais bien celle de deux personnes qui se rencontrent par la parole et par le regard, et c’est cela qui alimente la pleine humanité en nous.

Cette rencontre est nécessairement locale, puisqu’il faut que les deux personnes soient dans le même lieu au même moment. La citoyenneté qui est appartenance à une communauté d’hommes, ne peut donc se fonder que dans le local. Elle ne peut devenir nationale ou mondiale que sur la base de cette première expérience, par extrapolation. Les citoyennetés nationale et mondiale se fondent sur des représentations symboliques ; la citoyenneté locale se fonde sur le réel des rencontres ici et maintenant.

La citoyenneté ne peut s’appréhender qu’en rapport avec un territoire et une communauté. Or ce qui unifie un territoire et une communauté, c’est la commune. Une commune, ce n’est pas seulement une unité administrative, une institution. C’est bien plus : une commune, c’est un pays. Ainsi, être d’une commune, quand on y est citoyen, c’est être d’un pays. Alors, quel meilleur cadre que la commune pour penser la citoyenneté, et peut-il y avoir meilleur fondement pour notre citoyenneté que la citoyenneté locale ?

Responsable en moi, responsable avec les autres, responsable pour les générations à venir. Dès lors qu’on aime un territoire, et qu’on se sent faire partie de la communauté qui l’habite, on ne peut que se sentir responsable de sa commune. Etre citoyen, c’est se sentir responsable de ce qui se passe, là où l’on habite, pour soi et pour les autres, en solidarité, avec l’idée qu’un jour, nous cèderons la place à d’autres générations, et que cette place, il faudra la laisser dans le meilleur état possible, enrichie. Heureux et fier de la trace que nous aurons laissée de notre occupation de ce lieu.

 

Désir de citoyenneté

La citoyenneté ne se décrète pas. Elle se construit. Elle se construit dans un désir d’ouverture à l’autre et au monde.

La qualité de citoyen ne nous vient pas en naissant. Il faut en avoir le désir, et ce désir ne peut naître que dans notre environnement local. Comme tous les désirs, il se construit avec le temps qui passe, se nourrit des rencontres et du manque. Si on ne l’en empêche pas…

Il se construit en découvrant le territoire que l’on habite, que l’on fait sien peu à peu au fil des ballades, territoire que l’on se met à habiter tout entier. Pas seulement une maison, un jardin clos, un appartement. Habiter, cela concerne un territoire tout entier. Une maison, on l’occupe, un appartement, on l’occupe. Un territoire, on l’habite.

La citoyenneté se construit par les rencontres que, cheminant, on fait là. On commence à les faire un jour, et puis on les fait encore, et encore. Un jour, on se rend compte qu’on les fait depuis longtemps. Il y a des lieux importants où les habitants peuvent se rencontrer, se découvrir, semblables et différents. Des trottoirs. Des chemins. Des places, des parcs. Des abords d’école. Des bibliothèques. Les habitants d’une commune doivent pouvoir parcourir leur territoire, à pieds, à vélo, seuls ou ensemble. Pas en voiture. On ne voit rien en voiture, on n’entend rien, on ne sent rien, on ne rencontre personne, on ne remarque aucune trace. On traverse.

Etre en lien avec une communauté, ce n’est pas perdre sa liberté. On peut se sentir en lien avec une communauté sans avoir de lien particulier à une ou des personnes de cette communauté. On peut être solitaire, secret, ne s’être lié avec personne, mais se sentir en lien avec une communauté, avec qui on partage le même territoire, les émotions du quotidien, et avec qui on fait l’histoire, en vivant là, très banalement.

Etre en lien, ça peut être simplement rencontrer la communauté qui habite le territoire lors d’une activité culturelle, un spectacle, l’adhésion à une association, une réunion de quartier. Ça peut être aussi être attentif à la gestion de la commune, en allant écouter les conseils municipaux, en participant aux enquêtes publiques, en en parlant. Ou, encore plus simplement, se croiser tous les jours sur le trottoir, en allant chercher son pain. Se saluer. Pas pour la politesse : pour croiser les regards.

Les trottoirs sont l’extraordinaire lieu de l’exercice de notre socialité, des espaces où chacun joue quelque chose de soi, qu’il ne joue nulle part ailleurs de la même façon, dans une relation éphémère qui autorise toutes les accroches et toutes les libertés. Jour après jour, mine de rien, ces moments éphémères nous ancrent dans un lieu, dans des regards, dans des mémoires. Comme elle est absente, la personne âgée qui passait chaque jour, à qui nous disions juste bonjour, un sourire, et qui ne passera plus jamais. Elle n’est plus là, et nous réalisons que nous nous étions attachés à elle, qu’elle a fini par être en nous, sans avoir rien fait de plus qu’un salut, au hasard des rencontres, échanger un sourire, une banalité avec elle. S’être demandé qui elle était, sans le savoir jamais.

Marcher sur un trottoir : la socialité en découle, pour peu que nous acceptions de nous regarder, de nous saluer. Encore faut-il aussi marcher, et ne pas prendre sa voiture, cette voiture-refuge, qui, avec la télévision, de notre isolement moderne.

On ne contraint pas des gens à être citoyens : on met en place des conditions de vie qui suscitent un désir de citoyenneté, qui en permettent l’épanouissement.

 

La citoyenneté s’inscrit dans une histoire

La citoyenneté se construit également en découvrant l’histoire de la commune que l’on habite. L’histoire, ce ne sont pas les grands faits historiques, c’est l’histoire anonyme des gens de tous les jours, c’est l’histoire d’un bâtiment, l’histoire d’une rue, d’un quartier. C’est l’histoire de la personne qui vient de décéder.

L’histoire, c’est le patrimoine. Pas les grands bâtiments imposants, les demeures prestigieuses. Pas seulement. Les maisons de chacun aussi, leur histoire, comment elles sont venues là, avec quel désir d’habitat, quelle créativité. Comment elles s’articulent dans un urbanisme dont le sens est visible, lisible, cohérent. Les habitants d’une commune doivent pouvoir connaître l’histoire du lieu où ils habitent.

Connaître un territoire, connaître son histoire, c’est le faire sien, c’est s’y attacher, lui donner une importance. C’est avoir envie de le protéger. C’est désirer s’inscrire dans cette histoire, banale et quotidienne. Le civisme découle de l’attachement à un lieu. Le civisme n’a de sens qu’en rapport avec un lieu, petit ou grand, dans lequel on se sent citoyen. Notre sens civique est plus fort quand nous habitons dans un lieu qui ne nous est pas anonyme.

Alors, être citoyen, c’est ça aussi : habiter un territoire avec d’autres, le connaître, en connaître l’histoire, l’aimer, vouloir le protéger, le transmettre.

 

Etre citoyen :  une identité

Etre citoyen d’un lieu, c’est, sans s’en rendre toujours compte et sans que personne ne nous en demande compte, faire partie de l’identité de ce lieu et du groupe qui l’habite. Et ce lieu, ce groupe, c’est un peu nous. Ils font partie de notre identité. Nous sommes seyssois, et quand quelque part on parle de Seysses ou des seyssois, nous sommes soudain attentifs, nous nous sentons concernés.

Notre environnement est-il organisé autour de nous pour favoriser l’émergence et l’épanouissement de notre désir de citoyenneté ?

Regardez : tout est fait pour nous séparer, pour nous isoler. Tout est fait pour que nous ne puissions pas être citoyens.

Alors c’est parce que, en tant que citoyen, nous sommes tout cela, que nous devrions nous indigner contre les cités dortoirs, ces lieux que l’on organise pour nous – contre nous ? – en faisant violence à notre besoin de territoire et de communauté, en faisant violence à notre capacité à être citoyen. Ces lieux où on ne fait que dormir et consommer. Contraindre les gens à habiter de tels lieux, sans histoire, coupés du territoire, au nom de la rentabilité économique, c’est restreindre l’épanouissement de leur citoyenneté. Une fois leur parole citoyenne éteinte, une fois coupé de tout lien local, isolé – la virtualité que l’on nous offre ne remplacera pas cela – il est plus facile encore de leur imposer les conditions de leur asservissement.

C’est parce que, citoyen, nous sommes tout cela, que nous devrions aussi nous indigner contre le fait qu’on nous envoie aujourd’hui travailler et vivre aux quatre coins du monde, puis dans un autre, et encore dans une autre, loin de nos familles, sans jamais habiter pleinement quelque part, sans racine. Au nom de la rentabilité. Du marché. En nous faisant croire que notre bonheur est dans la consommation de biens inutiles. Mais notre humanité vaut plus que cette rentabilité ! A quelles valeurs nous asservissons-nous ? Ne vaut-il pas mieux gagner moins et rester là où nous pouvons donner une âme – en plus d’un sens – à notre vie ?

Sommes-nous citoyens lorsqu’on nous enferme et qu’on nous abêtit dans des embouteillages, parce qu’on a autorisé la construction de lotissements déshumanisants sans avoir au préalable prévu les infrastructures routières adéquates ? Le temps si précieux avant et après le travail, ce temps qui nous appartient, qui devrait nous appartenir, qui appartient à nos enfants, à nos proches, ils l’organisent pour que nous le passions dans nos voitures, à l’arrêt, tendus, agressifs envers les autres, séparés des nôtres, loin de nos lieux. Ce n’est pas un temps de citoyenneté.

A qui donnons-nous le pouvoir d’organiser les conditions de notre citoyenneté ? A qui profite le fait que nous ne sommes plus citoyens ?

On est de son enfance comme on est d’un pays, a écrit Antoine de Saint-Exupéry. On meurt mieux d’avoir été de quelque part, dans une famille, parmi d’autres. En humanité.

C’est pour cela que ce site est dédié au territoire, au lien, à la commune qui en résulte, Seysses. C’est pour cela qu’il parle de chemins de randonnée à créer, où les gens se croisent et apprennent leur territoire. Il est dédié au pays seyssois et à sa communauté, à son histoire et ses traces – le patrimoine -, à notre citoyenneté, notre citoyenneté seyssoise, qui débouche sur et fonde nos citoyennetés française, européenne et mondiale.

Chacun de vous peut y contribuer.

 

Pour boucler la boucle, et revenir à la fusion des communes et la mise en place d’intercommunalités à échelle non humaine.

La dilution du territoire, c’est aussi la dilution de la citoyenneté. C’est une perte d’identité, une absence d’âme, un manque à être.

Quel triste monde on prépare pour nous, avec notre complicité d’absents du débat.

 

Bruno Berbis

 

 

 

Victor Hugo

 

Victor Hugo,

écologiste avant l’heure ?

 

Deux textes que vous trouverez à la médiathèque, dans un petit recueil très bien fait et facile à lire : « Victor Hugo le Dieu des hirondelles »

 

 

 

 

 

 

Pas trop vite…

Holaaaah oups, non non,

la peau de l’ours n’est pas encore vendue

 

Les associations qui se mobilisent contre l’implantation du crématorium chemin du Massonné ont très envie que le projet soit abandonné. C’est compréhensible et ce serait d’ailleurs une bonne nouvelle.

Mais le Maire de Seysses, lors du Conseil Municipal du 25 Novembre 2015, n’a pas dit que «la construction du Crématorium chemin du Massonné était définitivement abandonnée».

Il a seulement dit que dans l’enquête publique sur la révision du PLU, le point qui concernait le changement de statut du terrain appartenant au Sivom de la Saudrune était abandonné. Et il n’a d’ailleurs pas dit ‘définitivement’. Le SCOT (Schéma de COhérence Territoriale,), en effet, tel qu’il est écrit aujourd’hui, ne permet pas le changement de statut annoncé dans l’enquête publique.

(Petite info : le PLU, c’est le document communal qui indique la nature des différents terrains : constructible, agricole, commercial, naturel, etc. Avant, il s’appelait le POS. Quant au SCOT, c’est une sorte d’hyper-PLU qui sert de cadre aux PLU des communes, lesquels ne doivent pas se trouver en contradiction avec lui).

Mais le SCOT n’est pas un texte indépendant des élus. Il est décidé par tous les Maires du territoire concerné. Il est donc toujours possible en principe à un maire, ou à deux, de demander la modification du SCOT, et de l’obtenir auprès de leurs collègues, surtout s’ils ont de l’influence auprès d’eux.

 

Le maire de Seysses peut-il annoncer l’abandon définif du projet ?

Par ailleurs, ce n’est pas le maire de Seysses qui peut annoncer l’abandon de la construction du crématorium, puisque c’est un projet du SIVOM de la Saudrune, dont le président est Alain BERTRAND, maire de Frouzins et ancien conseiller général, qui écrivait dans le journal d’information de la ville de Frouzins du mois de Février 2015 (n° 53) : «D’autres projets importants doivent voir le jour, portés par des structures comme : la mise en place de la fibre numérique par la Communauté de communes Axe Sud et la réalisation d’un  crématorium pilotée par le Sivom de la Saudrune. »  Le projet semblait donc déjà entériné (en février 2015), avant même que ne soient passées les différentes étapes de validation. Ceci pourrait montrer sa détermination et sa confiance dans la réussite du projet.

Le seul rôle du maire de Seysses, aujourd’hui, en tant que maire, est de demander la modification du PLU sur sa commune, ce qu’il peut ne pas faire. Mais il est aussi vice-président du SIVOM de la Saudrune… Peut-il alors ne pas soutenir le projet du SIVOM chemin du Massonné et ne pas demander le changement de statut du terrain en tant que maire ?

 

Alors, où en est-on ?

Ben, le maire de Seysses peut éventuellement accepter définitivement (ou pas…) le texte du SCOT tel qu’il existe aujourd’hui et ne pas en demander la révision. Pour autant le maire de Frouzins, ancien conseiller départemental et président du SIVOM, peut de son côté la demander, cette révision. Et s’il l’obtient (s’ils l’obtiennent), qu’est-ce qui empêchera une nouvelle enquête publique sur le déclassement de ce terrain ? Enquête publique dont on sait qu’elle n’est que consultative (et non décisionnelle).

Les dossiers ne sont donc pas à classer : les tenants d’une implantation chemin du Massonné ont un peu plus de pain sur la planche, cela prendra un an, deux ans de plus, mais encore pas mal de chances de réussir ; les tenants d’une autre implantation doivent encore chercher la parade et rester mobilisés s’ils veulent s’opposer.

A moins que, conjointement, Alain PACE et Alain BERTAND ne déclarent eux-mêmes l’abandon définitif de l’implantation chemin du Massonné. Mais ce n’est pas ce qui a été dit lors du dernier conseil municipal seyssois.

 

Le point de vue des médias

On peut lire sur ce sujet l’article de France-Bleu, accessible en ligne :

https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/toulouse-le-projet-de-crematorium-de-seysses-est-suspendu-mais-pas-abandonne-1448995640

Ainsi que celui de La Dépêche :

http://www.ladepeche.fr/article/2015/12/02/2229041-crematorium-l-enquete-publique-suspendue.html

 

Pour aller plus loin

Cet épisode questionne une fois de plus la qualité de notre démocratie.

La gestion des affaires publiques est devenue à ce point complexe (emboîtement de textes, multiples syndicats, perte d’autonomie des communes, etc.), que même en en restant au niveau local d’une commune, il n’est plus possible de se positionner comme citoyen, car de nombreux mécanismes décisionnels échappent à notre connaissance et à notre compréhension. Or la clé de voute de la démocratie, c’est l’information accessible à tous, la res-publica.

Les lois sont pourtant là, en principe, pour protéger la République et la Démocratie. Mais dans cet exemple, on voit bien que plus le législatif est touffu, moins il y a de République. Cela donne le pouvoir à ceux qui ont accès aux textes, qui sont souvent ceux qui les font ou qui les votent : les élus. Pas les citoyens.

A quelques jours des élections régionales, porteuses d’enjeux importants pour nos territoires, c’est un coup à se demander à qui l’on peut faire confiance, et à réfléchir à son vote.

C’est dimanche 6 décembre que l’on vote.

Bruno Berbis

 

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