Seysses sous la révolution
Il ne faisait pas bon être curé à Seysses (comme ailleurs) sous la révolution…
Jean-Augustin Gouazé
Ce prêtre, né à Toulouse en 1758, était le fils du professeur de la Faculté de droit, qui fut placé à la tête du Conseil de paroisse, et qui appartenait à Seysses par son mariage avec Jeanne-Marie Clausolles. Jean-Augustin Gouazé, dit la biographie toulousaine, « offrit à ses compatriotes le modèle de toutes les vertus ». Arrêté, pour avoir refusé le serment schismatique, il fut condamné dans les premiers mois de 1794 à la déportation et fit partie, le 22 nivôse an II, d’un convoi de cinquante-six prêtres qui devaient attendre dans la maison d’arrêt de Bordeaux leur embarquement pour la Guyane. Le Directoire de Toulouse « avait invité les municipalités qui se trouveraient sur la route à fournir une main forte, pour la sûreté dudit convoi, sur la réquisition qui pourrait en être faite, par le chef d’escorte». Ces malheureux furent entassés sur des charrettes découvertes, enchaînés deux à deux, et ne reçurent que trois livres par dix lieues, pour leurs frais de route.
Jean-Augustin Gouazé fut d’abord enfermé dans le couvent des Carmélites de Bordeaux, transformé en prison, puis au fort Paté, de Blaye. On peut deviner les souffrances qu’il y endura par ce récit dû à la plume de l’abbé Manseau : « Les prêtres furent logés dans des casemates humides et obscures dont les murs ont quinze pieds d’épaisseur et où l’on ne reçoit le jour que par d’étroites meurtrières. C’était le repaire des rats, des souris et des puces ; c’était là aussi que nos chers déportés devaient passer deux hivers, avec toutes les incommodités qui doivent résulter du froid et de l’humidité. Dans les grandes marées, l’eau filtrait partout, à travers les voûtes et avec une telle abondance que quelques détenus étaient obligés de recourir à des parapluies qu’ils tendaient au-dessus de leurs lits, pour avoir au moins la tête à couvert. »
Libéré au commencement de juillet 1795, Jean-Augustin Gouazé ne vint exercer le ministère à Seysses, qu’au dernier jour de l’an III (21 septembre). (D’après un texte de J. Constrasty, 1906)
Pour comprendre, il faut remonter le temps jusqu’à la Révolution, qui avait saisi les biens de l’Eglise, interdit les congrégations, poursuivi, arrêté, déporté les religieux et le clergé non constitutionnel… à Seysses comme ailleurs.
À la suite de la nuit du 4 août 1789, l’ordre du clergé disparaît en tant que corps politique, premier ordre en dignité de la société d’Ancien Régime, et à l’automne 1789, commencent à la constituante les débats sur la nouvelle organisation de l’Église de France. La Constitution Religieuse qui est adoptée par la Constituante fait quasiment des membres du clergé des fonctionnaires salariés par l’État et contrôlés par lui.
Dans chaque paroisse de France, un Conseil de Paroisse est créé. Son fonctionnement est démocratique : désormais les évêques sont élus par l’assemblée des électeurs du département et les curés par celle des électeurs du district, que les électeurs professent la religion catholique ou non et, à partir du 4 janvier 1791, ces prêtres doivent prêter un serment de fidélité à la Nation et à la loi. Par ailleurs, c’est l’Etat qui rétribue les membres de ce nouveau clergé. Le « salaire » du curé de Seysses est alors de 1200 livres.
Le pape Pie VI condamne cette Constitution civile, ce qui a pour conséquence une division du clergé français entre jureurs (les prêtres qui acceptaient de prêter serment) et réfractaires (ceux qui refusaient, et qui voulaient ainsi rester sous l’autorité du Pape).
Quel était ce serment obligatoire, que le curé déporté de Seysses, Jean-Augustin Gouazé, refusa de prêter ?
Pour les révolutionnaires, ce serment obligatoire était le moyen indispensable pour régénérer l’église de France.
« Par décret de l’Assemblée nationale, et conformément à la constitution civile du clergé en date du 24 août 1790, tous les ecclésiastiques prêteront le serment exigé un jour de dimanche après la messe, en présence du conseil général de la commune et des fidèles. Ceux qui ne le prêteront pas seront réputés avoir renoncé à leur office et il sera pourvu à leur remplacement. »
Le serment était le suivant :
« Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse (ou du diocèse) qui m’est confiée, d’être fidèle à la nation, à la loi, au roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le Roi. »
La quasi-totalité des évêques, sauf quatre, et la moitié des curés refusèrent de prêter serment.
Réponse officielle du pape Pie VI
Le pape Pie VI ne se laisse pas faire : par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791, et Caritas du 13 avril 1791, il demande aux membres du clergé n’ayant pas encore prêté serment de ne pas le faire, et à ceux qui avaient déjà prêté serment, de se rétracter dans l’espace de quarante jours. Les élections épiscopales et paroissiales sont déclarées nulles. Les consécrations d’évêques sacrilèges. La publication des brefs étant interdite, ceux-ci circulent clandestinement et sont largement connus.
Au total, au niveau national, en tenant compte des rétractations intervenues après les brefs pontificaux, on atteignait une proportion de 47 % à 48 % de jureurs.
Ainsi, c’est toute un série de prêtres qui, à Seysses, résiste aux révolutionnaires. C’est le cas de Jean-Baptiste Vidal-Capoul.
Né à Toulouse en 1752, fut ordonné prêtre à la fête de Pâques de 1777, et nommé vicaire de Seysses le 23 avril suivant, par Etienne de Loménie de Brienne. Il devint vers 1782, chapelain de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques ; il y exerçait avec dévouement son ministère quand la révolution éclata. Ferme dans la foi, comme un de ses oncles, curé de Flourens, qui, malgré son grand âge, porta les fers sous la Terreur, il refusa le serment prescrit par l’Assemblée Nationale, et attendit, comme tous les bons prêtres l’heure de l’exil.
Le 6 septembre 1792, l’abbé Vidal se présente devant la municipalité de Toulouse, et pour se conformer à la loi, demande un passeport pour sortir du royaume, par la route d’Ax et le col de Puycerda. Comme la plupart des prêtres émigrés, il erra dans la province de Catalogne d’abord, puis descendit vers le royaume de Valence où il s’embarqua vers les îles Baléares. Je n’ai pu cependant retrouver son nom sur les listes des prêtres français qui passèrent par Vic et Barcelone.
Après les longues privations de l’exil, et les souffrances de toute sorte que la charité espagnole ne purent adoucir que faiblement, l’abbé Vidal brava courageusement, comme les abbés Bernady et Revel, les menaces légales du gouvernement français et rentra à Toulouse. L’amour qu’il a conservé fidèlement à Seysses, témoin de son premier zèle, l’y ramène au commencement de 1801 ; il en devient officiellement le curé en 1803, quand la hiérarchie ecclésiastique est réorganisée par le nouvel archevêque nommé par le Premier Consul et le Souverain Pontife.
Conséquences de la constitution civile du clergé et du serment
La plupart des prêtres réfractaires prirent le parti de la contre-révolution et les patriotes dès lors suspectèrent les ecclésiastiques, engendrant des haines passionnées. Le 29 novembre 1791, un décret donna aux administrateurs locaux la possibilité de déporter les prêtres de leur domicile en cas de trouble :
« Le serment civique sera exigé dans le délai de huit jours. Ceux qui refuseront seront tenus suspects de révolte et recommandés à la surveillance des autorités. S’ils se trouvent dans une commune où il survient des troubles religieux, le directoire du département pourra les éloigner de leur domicile ordinaire. S’ils désobéissent, ils seront emprisonnés pour un an au plus ; s’ils provoquent à la désobéissance, pour deux ans. La Commune où la force armée sera obligée d’intervenir, en supportera les frais. Les églises ne serviront qu’au culte salarié de l’État ; celles qui n’y seront pas nécessaires pourront être achetées pour un autre culte, mais non pour ceux qui refusent le serment. Les municipalités enverront aux départements, et ceux-ci à l’Assemblée, la liste des prêtres qui ont juré et de ceux qui ont refusé le serment, avec des observations sur leur coalition entre eux et avec les émigrés, afin que l’Assemblée avise aux moyens d’extirper la rébellion. L’Assemblée regarde comme un bienfait les bons ouvrages qui peuvent éclairer les campagnes sur les questions prétendues religieuses : elle les fera imprimer, et récompensera les auteurs.«
Les lois de bannissement d’Août 1792
Le 14 août 1792, les prêtres, constitutionnels et réfractaires, comme tout Français percevant une pension ou traitement de l’Etat, doivent prêter un nouveau serment dit serment de « liberté-égalité » :
« Je jure d’être fidèle à la nation et de maintenir la liberté et l’égalité ou de mourir en les défendant ».
Le 26 août, un décret bannit les réfractaires qui pourront choisir leur lieu d’exil. Selon le préambule cette « mesure générale, [est] justifiée par le danger de la patrie et l’obligation de rétablir l’union entre les Français. » Tous les membres du clergé qui n’avaient pas été contraints de prêter le serment à la Constitution civile peuvent être arrêtés sur une simple dénonciation.
Ainsi, les prêtres réfractaires furent l’objet d’une sévère répression, notamment sous la Terreur, et furent confondus à cette période avec les autres, les prêtres constitutionnels (ou assermentés, ou jureurs).
A Seysses, ce fut le cas de Antoine Bernady.
C’est l’ancien vicaire de M. Bruzeau, curé de Seysses. Supportant difficilement son exil et son inaction, il prend, avec son confrère Bertrand Revel, la résolution de rentrer coûte que coûte dans la patrie. Ils savent l’un et l’autre, que la loi qui peut les faire condamner à la déportation n’est pas abrogée ; mais que leur importe ? Les voici, après de longues souffrances et beaucoup de difficultés, à Toulouse. M. du Bourg les reçoit et leur confie aussitôt des missions. Bertrand Revel est arrêté à la fin de 1800, et envoyé en prison à Saint Martin de Ré. Il y arrive le 2 décembre, mais il s’évade le 17 avril 1801 et se cache dans une maison chrétienne, où il célèbre tranquillement la messe et se fait appeler Piquet.
Antoine Bernady a été saisi par la force publique plus tôt que son confrère. Un jour qu’il va à la recherche des malades, dans la commune de Colomiers, déguisé en trimardeur, il est arrêté dans un pré. Il porte à la main ou au bout d’un bâton, un petit sac formé d’un mouchoir bleu. Ce sac est ouvert et on y trouve « une aube de baptiste, un cordon, une étole de petit taffetas, un rituel de Toulouse, un petit Christ et une boite de saintes huiles ».
Ce sont là des pièces terribles, qui trahissent un prêtre déguisé ! A-t-il au moins prêté les serments du 19 fructidor an V ? Non. Il est donc sujet à la déportation. Le 3 novembre 1799, Antoine Bernady est envoyé à l’île d’Oléron ; la peine ayant été adoucie, il est mis sous surveillance de la municipalité de Rochefort, le 10 juillet 1800, puis il est envoyé à Saintes. Le 20 août, il obtient la permission d’aller aux eaux de Bagnères ; mais Seysses est sur la route de la station thermale. Ne pourra-t-il pas s’y arrêter ? Le préfet l’autorise à y demeurer sous la surveillance de la municipalité. C’est au milieu de ses enfants spirituels et de ses amis qu’il va finir sa peine. Pour eux et pour lui, c’est une grande joie. Le maire sollicite en sa faveur, le 30 brumaire an IX, une amnistie complète, et il écrit au sous préfet de Muret : « Le citoyen s’est présenté à la maison communale, le 4e jour complémentaire de l’an VIII ( 200 septembre 1800) et nous déclara vouloir fixer sa résidence dans la commune et y exercer les fonctions du ministère du culte catholique, comme s’étant conformé à la loi du 21 nivôse an VIII( qui exigeait une simple soumission aux lois), le 24 fructidor, dans la commune de Toulouse, et nous exhiba un extrait de sa déclaration sous le numéro 156. Depuis le 4e jour complémentaire, il réside dans notre commune et y exerce les fonctions de son ministère. Nous n’avons qu’à louer de la conduite qu’il a tenue jusqu’à présent, exhortant dans ses instructions publiques les habitants de la commune à se conformer aux lois du gouvernement ; et d’après les instructions que nous avons eu soin de prendre, nous sommes informés que dans ses instructions secrètes, il les exhorte à l’oubli du passé, à l’union et à la concorde. Nous osons croire qu’il continuera à nous aider à maintenir la paix et la tranquillité qui règnent dans cette commune. Sans, maire, Traversier adj. (4). »
Ce Bernady était né à Livigna ( Aveyron) vers 1760. Son passeport signale un homme de très grande taille ; il lui attribue 1m815. Ce ministre quitta la paroisse pour un autre poste, en juillet 1801.
Vers l’apaisement : La première séparation de l’Église et de l’État (1794)
La séparation de l’Église et de l’État a été instaurée en fait par le décret du 2 sansculotides an II (18 septembre 1794). Cinq mois plus tard, la Convention thermidorienne confirme cette séparation en votant, le 21 février 1795 (3 ventôse an III), le décret sur la liberté des cultes :
Art. I – Conformément à l’article VII de la Déclaration des Droits de l’homme et à l’article 122 de la Constitution, l’exercice d’aucun culte ne peut être troublé.
Art. II – La République n’en salarie aucun.
Art. III.- Elle ne fournit aucun local, ni pour l’exercice des cultes, ni pour le logement des ministres.
Art. IV.- Les cérémonies de tout culte sont interdites hors de l’enceinte choisie pour leur exercice.
Art. V – La loi ne reconnaît aucun ministre du culte, nul ne peut paraître en public avec les habits, ornements ou costumes affectés à des cérémonies religieuses.
Art. VI – Tout rassemblement de citoyens pour l’exercice d’un culte quelconque est soumis à la surveillance des autorités constituées. Cette surveillance se renferme dans des mesures de police et de sûreté publique.
Art. VII – Aucun signe particulier à un culte ne peut être placé dans un lieu public, ni extérieurement, de quelque manière que ce soit. Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté. Aucune proclamation ni convocation publique ne peut être faite pour y inviter les citoyens.
Art. VIII – Les communes ou sections de commune en nom collectif, ne pourront acquérir ni louer de local pour l’exercice des cultes…
Mais il faut attendre Bonaparte, alors Premier Consul, pour retrouver la paix religieuse. C’est la signature du Concordat avec le pape en 1801.
Comment Seysses a-t-elle vécu cette période révolutionnaire ?
En s’appuyant entre autres sur les textes conservés des Conseils de Paroisse, l’Abbé J. Contrasty, vicaire en 1906 à la Basilique Saint-Sernin, et parent du curé de Seysses, François Contrasty, retrace pour les paroissiens d’alors cette période tout aussi troublée à Seysses qu’ailleurs.
Laissons-le raconter :
« Du 19 Juillet 1795 au commencement de 1807, quatorze prêtres, au moins, ont rempli à Seysses les fonctions du ministère, et ont reçu du Conseil de paroisse quelque rétribution pour leurs travaux. Ce furent : MM. Joseph Fréjoville, Jean-Augustin Gouazé, Pierre Féral, Pierre-François Belin, Lafontaine, Joseph Galtier, Marimon ? Laforestière, Pierre Cassé, Antoine Bernady, Jean-Baptiste Vidal-Capoul, Durrieu, Lacave, Escoubès.
Joseph Fréjoville.
Son nom ne figure sur aucun état de l’Archevêché, soit avant, soit après la Révolution. Né, d’après un document conservé au Donjon de Capitole, à Montalès (aujourd’hui département de l’Aveyron), il se réfugia le 18 Novembre 1792, à Toulouse, après avoir refusé, sans aucun doute, le serment exigé par la loi. Il demeura caché dans cette ville, jusqu’au moment où le vicaire général de M. de Fontanges l’envoya à Seysses. Je suppose qu’à la faveur de la loi prairial an III, il regagna son diocèse d’origine.
Pierre Féral.
S’installe à Frouzins au commencement de 1795 et disparaît au printemps de 1796. Il signe toujours ses actes de baptême « prêtre délégué », est en communion avec François de Fontange. Complètement inconnu. Ne pas le confondre avec Etienne Féral, né en 1795, vicaire de Seysses en 1820, curé de la même paroisse, après le décès de M.Vidal.
Pierre-François Belin.
Il venait d’être ordonné diacre dans la chapelle de l’Archevêché, par l’évêque de Lombez, quand l’assemblée Nationale vota la Constitution civile du clergé. Elève des Sulpiciens de la rue des Chartreux qui refusèrent tous de jurer, il se prépara à lutter contre la Révolution. Pour recevoir la prêtrise, il fut obligé de se mettre à la recherche d’un Pontife, l’Archevêque de Toulouse étant déjà parti pour l’exil. A la faveur d’un déguisement, il se rendit à Auch et y reçut l’imposition des mains de Mgr de la Tour du Pin-Montauban, le 16 mars 1791, à minuit, avec une foule de Séminaristes accourus de tous les diocèses voisins. Quand les commissaires, avertis par une dénonciation, se présentèrent pour empêcher cette ordination, l’évêque et les ordinands s’étaient déjà enfuis. Pierre Belin fut assez habile pour exercer le Ministère à Toulouse, ou dans les environs, en pleine Terreur. Comme on l’a vu, il desservit la paroisse de Seysses à la fin de 1795 et en 1796. Après le Concordat, il fut nommé vicaire de la Daurade.
Lafontaine. Pseudonyme de l’abbé Pierre Douarré.
Beaucoup de prêtres, pour échapper à leurs persécuteurs, non seulement essayèrent de les tromper sur leur propre caractère sacré, en simulant une profession banale, mais prirent encore un nom de guerre. Le vicaire général M. du Bourg se fit appeler Dumas. Le nom de Lafontaine cachait un condisciple de Pierre Belin. Ordonné à Auch dans la même nuit du 16 mars, il se mit lui aussi à la disposition de ses supérieurs pendant toute la période de la Terreur. Son zèle humainement compromettant finit par le trahir ; il fut arrêté et condamné à la prison. »J’ai été ordonne prêtre, écrivait-il en 1834, par le vénérable M. de la Tour du Pin, alors archevêque d’Auch ; il était encore sur son siège, mais il en fut bientôt chassé par le schisme qui ravagea l’Eglise de France. J’ai refusé le serment impie de la constitution civile du clergé. J’ai demeuré caché en France pendant le règne de la Terreur ; vous jugerez facilement à combien de dangers j’ai été exposé. J’ai eu l’honneur de porter les fers et de confesser la foi de Jésus-Christ devant les tribunaux (3) ». Pierre Douarré n’exerça le ministère à Seysses que peu de jours. Après la réorganisation du diocèse, il fut successivement vicaire de Saint Sernin, professeur de dogme au Grand Séminaire et curé de Saint Exupère. Ses divers archevêques lui témoignèrent leur confiance en le nommant vicaire général honoraire. Par sa naissance, il appartenait à la paroisse de Grenade. Le chapitre métropolitain le compte au nombre de ses insignes bienfaiteurs.
Joseph Galtier.
Condamné à la déportation en 1794, comme l’abbé Gouazé, il fit partie du second convoi qui menait les prêtres réfractaires à Bordeaux. Appartenait à l’ordre des Feuillants. Emprisonné au Fort de Hâ, près Bordeaux, puis transporté sur le Dunkerque, il fut libéré en rade du port des Basques, le 12 avril 1795.Lui aussi venait donc de souffrir horriblement pour la foi catholique, quand il apparut au milieu des habitants de Seysses, en1795, pour y célébrer la messe le dimanche.
Marimon. Laforestière.
Inconnus tous les deux. Peut être nous trouvons nous en présence de deux pseudonymes. Ces deux prêtres furent probablement chargés de la paroisse de Seysses, de février 1797 à février 1800.
Pierre Cassé.
Ce prêtre, né à Villeneuve d’Agen, appartenait à l’Ordre des Bénédictins. Il était domicilié à Toulouse, quand il y fut arrêté dans les premières semaines de 1794. Il faisait partie du premier convoi de déportés expédiés à bordeaux. Emprisonné au Petit Séminaire, puis au fort du Hâ, transporté sur le Dunkerque, il fut libéré en rade du port des Basques, le 12 avril 1795. Seysses l’eut pour desservant pendant le premier trimestre de l’année 1800.
Derrieux ou Durrieu.
Dans les procès verbaux du Conseil de Paroisse, ce prêtre est appelé Durrieu ; dans les actes officiels de l’église, il signe Derrieux . Un ecclésiastique, nommé Joseph Durrieu, après avoir refusé le serment accompagne M. Bruzeau à Sarragosse ; un autre, François Derrieux, ex-prébendé du chapitre de Saint-Sernin, refuse également de jurer. Quel est celui qui est venu à Seysses ? Je l’ignore.
Il fut vicaire de cette paroisse jusqu’en 1804, et devint ensuite curé de Plaisance. Quant à MM. Lacave et Escoubès, c’était deux jeunes prêtres qui, n’ayant pas eu à confesser la foi de Jésus-Christ pendant la tourmente révolutionnaire, méritaient l’estime et la confiance des catholiques, par leur fidélité à la grâce de la vocation sacerdotale ; en effet, lorsqu’ils se mirent au service de l’Eglise, elle ne leur offrait que des ruines à relever, et que la pauvreté pour récompense. Ils furent successivement vicaires de Seysses en 1805 et 1806. »