Crématorium : l’avis du journal « Le Monde »

Paru dans « Le Monde Economie »  du Dimanche 1er et Lundi 2 novembre

L’essor contrarié des crématoriums en France

Par Denis Cosnard

Depuis des années, les installations de crémation poussent à travers la France tels des champignons en automne. A présent, les professionnels s’interrogent.

« Il faudrait peut-être se calmer », reconnaît Jo Le Lamer, le président de la Fédération française de crémation. « On a ce qu’il faut pour les besoins actuels », appuie Jean Ruellan, un des dirigeants d’OGF, le leader français du secteur sous les marques PFG, Roblot, Borniol… Deux études tendent en effet à montrer que l’impressionnant essor de la crémation en France atteint ses limites.

La première émane de la Fédération française de crémation elle-même. Chaque année, ce regroupement d’associations recense les décès à l’issue desquels le corps a été incinéré. En une génération, cette pratique est devenue un phénomène de masse. Elle concerne désormais plus d’un tiers des obsèques, contre 1 % en 1980. A Paris, le taux de crémation atteint même 47 %. Mais cette ascension se révèle de moins en moins rapide. En 2014, la part des crémations dans l’Hexagone est modestement passée de 34,1 % à 34,5 %, la plus faible hausse depuis des décennies. « Le mouvement se tasse », constate M. Le Lamer, qui s’attendait à un chiffre supérieur.

Le deuxième signal provient du dernier sondage d’Ipsos sur les Français et la mort. « Pour vos propres obsèques, que préféreriez-vous ?», demande régulièrement l’institut aux Français. Depuis quelques années, la part de ceux penchant pour une crémation stagne autour de 51 %. Et la dernière vague, réalisée en juillet auprès de 1 010 personnes, marque une nette remontée de la préférence pour l’inhumation dans deux types de populations. Parmi les moins de 35 ans, 60 % sont désormais tenants de l’enterrement, contre 50 % en 2007. Leur part est passée dans le même temps de 72 % à 80 % au sein des croyants et pratiquants. […]

Gérés pour les trois quarts d’entre eux par des opérateurs privés dans le cadre de délégations de service public, tous les crématoriums n’ont pas trouvé leur équilibre financier. Avec les nouvelles normes sur le traitement et la filtration des fumées, l’investissement de départ est de plus en plus élevé. De l’ordre de 3 millions d’euros. D’autant que les crématoriums ne sont plus de simples sites techniques pour brûler des corps, mais deviennent des lieux de cérémonie, ce qui nécessite des locaux assez spacieux.

Résultat : au moins 700 à 800 crémations par an sont nécessaires pour amortir la mise en place d’un four. Un seuil qu’un tiers des installations n’atteint pas. […]

 

Alors ? Faut-il vraiment

un crématorium à Seysses ?

 

S’il devait mettre la clé sous la porte dans 30 ans, faute de rentabilité, que deviendrait ce site dénaturé ? Et tout l’argent public investi dans l’infrastructure routière ? Que ce soit la commune qui paie, le Sivom ou le département, ce sont toujours nos impôts. Et même si c’est l’entreprise qui construit le crématorium qui se charge de l’infrastructure, ce surcoût sera répercuté sur le coût de la crémation, payé par chacun de nous.

Cette question rejoint celles posées au maire par un auditeur lors du dernier conseil municipal : « Ce projet s’inscrit-il dans une démarche de développement durable ? Y a-t-il eu une étude d’impact ? Le président de la commission environnement de notre commune, Monsieur Mordelet, a-t-il été saisi de ce dossier pour étude ? »

« Non », a répondu notre maire aux trois questions.

Dès lors, ne serait-il pas raisonnable de revoir le projet, et d’intégrer au cahier des charges la possibilité d’une reconversion du site en cas de fermeture dans quelques années ? Cette question pèse aussi sur la ‘ferme photovoltaïque’, qui a reçu l’autorisation de s’agrandir, alors qu’ERDF (c’est-à-dire nous à travers le prix que nous payons pour l’électricité) peut demain cesser de racheter le KW aussi cher qu’elle le fait aujourd’hui, et mettre l’entreprise en faillite. Que deviendront toutes ces structures ? Et nos campagnes ?

Nous avons la responsabilité de ce que nous léguons aux générations futures.  Nous ne sommes pas propriétaires de ce territoire, ni d’aucun territoire, simplement parce que nous sommes appelés à laisser la place.

 

Bruno Berbis

 


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