Lé cant dé Seyssés – 2

Patrimoine culturel :

Lé Cant dé Seyssès – 2

 

Suivons le guide !

 

« Chantons d’Engays jusqu’à Gouny

Sur la place Guillermin

O Seysses ! »

et

« Des Aujoulets au Grand Chemin »

Les vers du refrain nous donnent à voir un territoire étendu, du Nord au Sud (« Des Aujoulets au Grand Chemin ») et d’Ouest en Est (« d’Engays jusqu’à Gouny » ). Un très grand territoire, en effet, avec deux pôles (le bourg et les Aujoulets), et un réseau de chemins qui conduisent vers les fermes-hameaux éloignés (Engays, Gouny, mais aussi Couloumès, Moulas, La Commune, Tranquille, etc.).

On sent vivre un cœur de village (« Sur la place Guillermin, O Seysses ! »), lieu des jeux d’enfants et du rassemblement des adultes.

On devine une vie rythmée par le travail, valeur importante (Allons-y tous ! Le travail rend heureux), et où la vie de famille, autre valeur clé de cette société, tient une place essentielle (Sous la treille, De la famille, Les petits enfants, Nous mangent de baisers). On retrouve là les valeurs d’une France rurale d’entre deux –guerres.

Rythmant aussi la vie, cette présence « Du vieux clocher la Tour pointue », présence visuelle et battement des cloches sonnant les heures, les fêtes, les enterrements. La journée commence au son des matines, l’activité ralentit lorsque sonnent l’angélus. A Seysses, comme dans toute la France, on grandit dans les valeurs chrétiennes : Chantons le roi de l’univers !

Autres valeurs importantes, laïques cette fois, le patriotisme d’une part (on est dans une période de guerres) : « Où les garçons Sont de si fiers soldats ! » ; « Nous chantons aussi notre patrie, Notre France qui est tant chérie ! » Seysses doit pouvoir fournir à la défense du pays son lot de combattants. Mais aussi la démocratie : « Que fleurisse, Et que grandisse, La liberté Et la fraternité ! »

On y reconnaît la partition de la vie sociale entre le groupe des femmes (« Allons lavandières ! Et chemisières ! », et aussi « Où les filles Semblent des petites fleurs »), et le groupe des hommes (« Pour son travail vers son chantier L’ouvrier court rafistoler » et aussi « Où les garçons Sont de si fiers soldats ! »), chaque groupe ayant ses activités spécifiques (les luttes féministes ne sont pas encore passées par là).

Cette vie évoquée est une vie rurale, agricole, au grand air, en contact avec les éléments et la nature : Les raisins de ta plaine ; Notre pays au soleil d’or ; Les petits oiseaux donnent leurs concerts ; Dans le ciel bleu, l’aube claire ; Sous la treille.

L’activité agricole principale, celle qui fait le renom de Seysses, c’est la culture de la vigne et la production de vin (le phyloxéra n’est pas encore passé par là) : « O Seysses-Tolosan, Les raisins de ta plaine, En resplendissant ton nom,T’ont fait un grand renom ! »

Les terres de Seysses étaient plantées de vignes, et fournissaient Toulouse en vin. La qualité de ce vin, livré pour beaucoup rue de Varsovie (barsobi : verse le vin) où étaient la plupart des négoces en vin de la grande ville, faisait le renom local de Seysses, et la fortune de quelques vieilles familles seyssoises.

On perçoit un amour du territoire, un attachement à la terre où on a grandi, au « pays » :

Terre pour moi sacrée,

Où s’écoulent mes jours,

Tu seras la préférée,

Je t’aimerai toujours beaucoup !

Dans la vie décrite ici, il semble que l’on chante beaucoup, à Seysses comme ailleurs sans doute : « chantons en chœur, chantons en chœur Notre pays au soleil d’or ! Chantons d’Engays jusqu’à Gouny ; Chantons le roi de l’univers ! Nous chantons aussi notre patrie. » Un chant partagé entre tous, entonné en chœur, prenant toute sa place dans une vie sans télévision, sans chaine hifi, avec parfois un poste TSF. Un chant qui relie à un territoire, mais aussi qui relie les gens entre eux en leur permettant d’unir leur voix. Un chant du patrimoine.

Un chant pour se donner du courage, pour transmettre des valeurs, pour réunir et identifier, et dont la fonction n’était sans doute pas d’évoquer les travers et les misères présents à Seysses comme ailleurs : les enfants morts à la guerre, les grands blessés, l’insécurité face à la maladie, l’incertitude des récoltes et de l’économie, les inégalités sociales, les exclusions…

 

Mais ce n’est pas le rôle de ce type de chant d’aborder ces sujets et on peut bien, le temps d’une chanson, choisir de se réjouir et de ne voir que le bon côté des choses !

 

 

 

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